Du métro aux taxis volants, ces innovations que l'on doit aux Jeux olympiques

Le saviez-vous ?

Mise à jour le 06/10/2023

Les Jeux olympiques sont de formidables accélérateurs pour les innovations de tous types. Du métro parisien en 1900 aux futurs taxis volants opérationnels pour les Jeux de 2024, en passant par les premières retransmissions radio en 1924, retour sur un certain nombre de nouveautés qui ont bouleversé l’histoire.
Transports, radio, télévision, informatique, mesure du temps, surveillance… Tous les quatre ans, les Jeux olympiques sont l’occasion de tester ou de faire connaître au grand public des innovations technologiques qui, par la suite, deviennent accessibles à tous (ou presque).
Qui se souvient que le métro parisien est inauguré à la veille des Jeux de 1900 ? Qui sait que c’est grâce aux Jeux de Tokyo de 1964, où Seiko a innové dans l’art du chronométrage, que la marque japonaise a pu proposer par la suite la première montre à quartz ? Et l’on nous promet pour 2024 des « taxis volants », engins hybrides entre l’hélicoptère et le drone, qui transporteront des passagers entre l’aéroport Charles de Gaulle, Paris et sa banlieue. Difficile à imaginer, certes. Mais, après tout, qui aurait cru possible d’écouter les Jeux de Paris de 1924 à la radio ou, tout aussi incroyable, de voir les Jeux de Berlin de 1936 à la télévision ? C’est pourtant ce qu’il s’est passé. Voyage dans le passé… et le futur proche.

Paris a enfin son métro

Un métro à Paris ? On en parle dans la capitale depuis 1871. Plus d’une cinquantaine de projets, plus ou moins sérieux, sont mis successivement sur la table. Mais rien n’aboutit, tant les visons divergent entre les différents décideurs : les compagnies ferroviaires, la Ville de Paris, l’État.
Et puis, miracle, en 1895, la perspective de l’Exposition universelle de Paris en 1900, qui sera également le décor de la deuxième olympiade, débloque le dossier. La décision est prise de construire un réseau souterrain intra-muros à la capitale, à gabarit réduit – ce qui exclut d’y faire circuler des trains classiques - et à traction électrique, sous la direction de l’ingénieur Fulgence Bienvenüe.
Au départ, le réseau est prévu pour compter six lignes. La première, la « Une », traverse Paris d’ouest en est. Elle est ouverte au public le 19 juillet 1900, entre la porte Maillot et le bois de Vincennes, lieu où se tiennent plusieurs épreuves des olympiades. Le succès est phénoménal, les voyageurs se ruent sur cette première ligne, tellement plus rapide que les autres transports de surface de l’époque. Il faut rapidement amplifier la fréquence des rames et augmenter le nombre des voitures, qui passe de trois à huit.
Fin décembre 1900, le nouveau métropolitain aura déjà transporté quatre millions de voyageurs. Ce qui pousse à mettre très rapidement en chantier les cinq autres lignes prévues. La grande aventure du métro parisien est lancée.

La magie des ondes

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, alors que les techniques de radiodiffusion se développent, le Comité international olympique (CIO) est d’abord réticent à l’utilisation de ce nouveau média. Il craint en effet que la diffusion radio nuise à la vente de billets pour assister aux épreuves.
Il n’empêche que 700 journalistes couvrent les Jeux de Paris en 1924. Et, pour la première fois, certaines épreuves sont commentées en direct à la radio grâce à l’introduction de la « télégraphie sans fil », la fameuse TSF. Un célèbre reporter, Edmond Dehorter, n’hésite pas à monter dans un ballon survolant différents sites d’épreuves pour les commenter via la TSF. Plus fort encore, le 13 juillet 1924, une voiture suit l’épreuve du marathon avec un émetteur à son bord. Un récepteur est installé sur la pelouse du stade de Colombes et relié à des haut-parleurs. Ainsi, fait inédit, les spectateurs peuvent suivre en direct l’intégralité de l’épreuve de 42,195 km. Les voitures de reportages sont nées.
Côté images, les progrès vont aussi très vite. Dès les Jeux de Stockholm en 1912, le cinéma est présent. Mais, bien entendu, ce n’est que quelques jours après les épreuves qu’elles sont projetées dans les salles obscures.

Et l'image apparue

Le poste TV Olympic.
La vraie révolution technique se produira aux sinistres Jeux de Berlin de 1936 avec l’apparition de la télévision. Depuis le début des années vingt, Anglais, Français et Allemands rivalisent pour mettre au point ce que l’on ne sait pas encore très bien nommer : televisor, télévision… Au mitan des années trente, on compte environ 2 000 récepteurs dans le monde.
Tout à leur propagande, les nazis frappent un gros coup lors de « leurs » Jeux en août 1936. Grâce à un procédé mis au point par Telefunken, la cérémonie d’ouverture est le premier grand événement à être retransmis en direct à la télévision. Bien entendu, les postes de télérécepteurs sont très peu nombreux, mais les nazis ont installé vingt-cinq grands écrans à Berlin et en région, permettant à plus de 160 000 personnes de profiter du spectacle. Chaque jour, les compétitions sur quatre sites différents sont diffusées en direct pendant huit heures. Un bond technologique, certes, mais qui touche encore un public restreint.
Il faut attendre les Jeux de Londres en 1948 pour voir une ébauche de démocratisation, grâce à la commercialisation d’un petit poste de TV, nommé « Olympic ». Cela permet à 60 000 foyers de suivre les épreuves retransmises par la BBC. Et, pour la première fois, la chaîne doit s’acquitter de droits de retransmission. C’est maintenant une obligation mentionnée à l’article 49 de la Charte olympique.
La suite de l’histoire entre les Jeux et la télévision peut être calquée sur la devise olympique : « Plus vite, plus haut, plus fort ». Ainsi, encore une première, les Jeux de Rome de 1960 sont diffusés en eurovision, puis quatre ans plus tard, ceux de Tokyo en mondovision grâce aux satellites. C’est aussi aux Jeux de Tokyo que la retransmission en couleur fait ses balbutiements, avant d’être complètement généralisée pour les Jeux d’hiver de Grenoble en 1968 et ceux d’été à Munich en 1972. Par la suite, la technologie de la retransmission n'a fait que progresser.

L’art de compter le temps

Dates clefs de l'histoire de Seiko.
Quand on dit compétition, on pense temps et chronométrage… C’est la marque suisse Longines qui a mis au point, aux premiers Jeux modernes d’Athènes de 1896, un chronomètre manuel qui deviendra l’instrument officiel de mesure du temps. Tout au long du XXe siècle, les mesures se feront de plus en plus précises grâce à des trouvailles des marques comme Omega ou Longines. Surtout que le bon vieux chrono manuel devient obsolète lorsqu’il faut parfois départager des athlètes séparés de quelques centièmes, voire des millièmes de seconde. Les Jeux de Tokyo de 1964 innovent avec l’emploi de l’électronique et des ordinateurs qui enregistrent les statistiques et les temps, de manière à les afficher sur les écrans de télé.
Seiko, la célèbre marque japonaise, chronométreur officiel de ces Jeux, a l’idée de relier le pistolet de départ des épreuves de course à une horloge à quartz ainsi qu’à un appareil photo pour la prise de la photo-finish, afin de mesurer le temps au centième de seconde près.
Et cinq ans après les Jeux, Seiko propose sur le marché le premier modèle de montre-bracelet à quartz, directement inspiré de la technologie utilisée à Tokyo.

Des taxis volants… ou pas

Volocopter présente son taxi volant nommé VoloCity.
Quand la réalité rattrape la fiction… enfin presque. Des taxis volants entre l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle et Paris pour les Jeux de Paris 2024 ? C’est l’incroyable projet que compte proposer le groupe ADP (gestionnaire des aéroports parisiens).
Mis au point par la société Volocopter et actuellement testé sur l’aérodrome de Pontoise, cet hybride entre un drone et un hélicoptère pourrait entrer en service pour transporter en quelques minutes des passagers privilégiés entre les aéroports Roissy-Charles de Gaulle, Le Bourget et la capitale – une barge à cet effet, dénommée « vertiport » serait installée sur le quai d’Austerlitz – et quelques points de la région parisienne (Issy-Les-Moulineaux, Saint-Cyr-l’École). Les engins voleraient entre 120 et 300 mètres d’altitude…
Oui mais voilà, l’Autorité environnementale, instance indépendante avec un avis consultatif, a émis en septembre 2023 différentes réserves sur l’utilisation de ce nouveau mode de transport. Il serait trop bruyant pour survoler Paris et consommerait trop d’électricité, surtout qu’il ne peut transporter qu’un seul passager (en plus du pilote).
Les consultations doivent se poursuivre, via notamment une enquête publique qui sera menée fin 2023. Puis, au premier trimestre 2024, la décision finale appartiendra au ministère des Transports et à la direction de l’Aviation civile qui valideront, ou pas, cette innovation commerciale d’ADP, censée se « démocratiser » progressivement avec l'apparition en 2026/27 de taxis volants embarquant trois ou quatre passagers. À suivre.