Dans un centre d'hébergement, des fresques réalisées avec l'Olympien-artiste Luc Abalo
Reportage
Mise à jour le 13/12/2023
Sommaire
À l’approche des Jeux olympiques et paralympiques, des Olympiens-artistes participent à des résidences auprès de publics fragiles. Ils créent des œuvres originales avec les résidents dans le cadre du Musée Olympique. Parmi eux, le triple champion olympique de handball Luc Abalo, devenu artiste, a passé trois jours au centre d'hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) Poterne des Peupliers (13e).
« Luc, tu peux
m’aider à peindre des colombes sur ma toile ? », demande Ahmad, un
résident du centre d'hébergement et de réinsertion sociale (CHRS), qui souffre d’un léger
handicap à la main droite. « Je suis
sûr que vous pouvez y arriver seul, même en utilisant votre doigt, ce n’est pas
grave si ce n’est pas parfait », l’encourage Luc.
Luc n’est ni résident
de l’établissement ni travailleur social, mais triple champion olympique de handball (l’or en 2008, 2012 et 2021, ainsi que l’argent en 2016). Un athlète
français pas comme les autres : en plus de ses performances sportives
exceptionnelles, c’est un artiste accompli. Diplômé de l’Institut supérieur
des arts appliqués, il pratique la peinture, le dessin et la photographie. Au
plus fort de sa carrière dans le milieu du handball, il continuait à peindre et
à créer. À 39 ans, le voilà retraité du sport depuis quelques mois et artiste à plein temps. Le profil
parfait pour rejoindre le programme des « Olympiens-artistes ».
Ce programme, lancé dans le cadre du Musée Olympique en 2018, est destiné aux olympiens et paralympiens, des athlètes encore en activité ou à la retraite ayant participé à une édition des Jeux olympiques ou paralympiques, qui pratiquent une forme d’art de manière professionnelle ou en tant qu’amateurs. Avec un triple objectif :
-
leur permettre de produire et de présenter de nouvelles œuvres,
-
partager leur expérience à travers des projets collaboratifs et des ateliers éducatifs,
-
promouvoir les valeurs olympiques dans la société.
Quand l'art permet de travailler sur l'estime de soi
Pour célébrer les Jeux olympiques et paralympiques 2024, le Musée Olympique, en collaboration avec la Ville de Paris, a proposé à Luc Abalo de passer trois jours, fin
novembre, avec les résidents CHRS Poterne des Peupliers, un des quatre établissements qui composent le pôle Rosa Luxembourg. Cette structure parisienne accueille 150 résidents majeurs, hommes et femmes, de façon inconditionnelle, pour une prise en charge globale. L'athlète avait pour objectif de réaliser des
fresques inspirées des valeurs olympiques sur les murs de la salle
multiactivités. « C’est dans cette salle
que nos résidents se retrouvent pour manger, mais aussi jouer au ping-pong, participer aux
cours de théâtre ou de sport ou prendre un café, c’est vraiment le cœur de
l’établissement, dont les murs manquaient jusqu’ici de chaleur »,
pointe Laurence Vincent, assistante de service social.
Elle connaît bien les
résidents qu’elle accompagne pendant plusieurs années. Elle sait qu’un certain
nombre aiment peindre ou dessiner durant leur temps libre. Certains sont même
peintres en bâtiment et aspirent à exprimer leurs compétences de façon plus
créative. Il n’a donc pas été difficile de les mobiliser pour participer à ce
projet collectif. Un atelier destiné à « leur
faire plaisir, leur faire du bien… Car l’art permet de travailler sur l’estime
de soi, insiste Laurence Vincent. Ils
réalisent de manière ludique qu’ils sont “capables de”, qu’ils ont
plus de compétences qu’ils ne le croient – ce sur quoi je peux ensuite
m’appuyer dans mon accompagnement. Et puis c’est aussi un moment ludique,
convivial, qui permet de rompre l’isolement ».
De grands moments de rire et d'échanges
L’intervention de Luc Abalo s’est déroulée en plusieurs
temps. L’artiste champion, venu en voisin de la commune d’Ivry-sur-Seine où est
installé son atelier, accompagné de son ami artiste grapheur Jallal, a apporté
tout le matériel nécessaire à la réalisation des œuvres murales. Il a d’abord
échangé avec les résidents, intéressés par son passé de sportif professionnel, mais aussi sa carrière d’artiste. « C’est
une personne très accessible, qui est vraiment dans le partage. Il y a eu de
grands moments de rires partagés, observe un travailleur social. En plus, il a travaillé sur les croquis pour
les fresques pendant plusieurs semaines : ça fait plaisir de voir son
implication. »
Luc Abalo s’est d’abord attaqué à un premier mur pour
représenter les anneaux olympiques, puis une piste d’athlétisme sur un autre et
un combat de boxeurs sur un dernier pan de la salle. Au fil de ses discussions
avec les résidents, le projet s’est affiné et un parathlète a été ajouté sur la
piste d’athlétisme.
Les ateliers se sont scindés en deux, d’un côté les
résidents mobilisés pour assister Luc sur la mise en couleur des
fresques, en peignant le fond tandis qu’il s’attaquait aux personnages, de
l’autre une bonne douzaine de résidents se sont attablés pour réaliser leurs
propres dessins. Ils ont suivi les conseils de l’artiste, que ce soit pour le choix des couleurs ou des pinceaux, un
jour en utilisant de la peinture à l’huile, le suivant en privilégiant la
peinture à l’eau, pour comprendre les subtilités de chaque technique. La participation est restée libre tout du long de l'atelier. Si le sport a beaucoup inspiré les résidents, ils ont aussi souhaité illustrer des valeurs plus personnelles comme l’amitié ou le respect.
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La magie de la peinture
« Certains hésitaient à se mettre autour de la table
pour dessiner et au final ils se sont lancés. Ils ne sont pas toujours sûrs d’eux,
ont peur de se tromper. Je leur dis bien que moi non plus le résultat sur le
papier n’est pas toujours celui que j’ai en tête », sourit Luc Abalo. L'ex-handballeur poursuit : « La
première chose qu’ils m’ont dite, c’est : “Je ne suis pas bon”… Mais contrairement
au sport l’art c’est tout sauf une compétition ! Le plus important c’est
de participer, on est pas là pour être jugés, c’est ça la magie de la peinture. »
Contrairement au sport, l’art, c’est tout sauf une compétition.
Triple champion olympique et artiste
Les seuls conseils qu'il a pu leur donner, « c’est de se faire plaisir, d’exprimer
ce qu’ils ont envie d’exprimer et de retranscrire sur la toile ce qu’ils ont en
eux, tout simplement ».
De son côté, le sportif, qui peint essentiellement des
portraits, n’avait jamais composé d’œuvres autour du sport. « Je me suis
dit que ce serait un nouveau challenge ! J’ai pensé à la boxe. Je ne
pratique pas ce sport, mais j’ai toujours trouvé que c’était fascinant à photographier
ou à illustrer. Et j’ai tenu à mettre une boxeuse car la femme doit être mise en
valeur, d’autant plus dans le CHRS où beaucoup de personnel est de sexe féminin. »
La résidence d'artiste s'est terminée le 24 novembre dernier par un moment convivial. Au CHRS, les fresques de Luc Abalo représenteront un souvenir indélébile de cette animation pas comme les autres…
Vidéo Youtube
Tout savoir sur le programme des Olympiens-artistes à Paris
Pour les Jeux de Paris, trois Olympiens et une paralympienne ont proposé des résidences d’artistes dans six centres sociaux appartenant à la Ville de Paris. entre octobre et décembre 2023 grâce à une collaboration entre le musée Olympique et les services de la Ville. Ces ateliers sont conçus pour célébrer la créativité, la collaboration et le partage.
L’Américaine Kelly Salchow Macarthur, professeur de graphisme à l’Université du Michigan et membre de l’équipe d’aviron aux Jeux de Sydney en 2000 et Athènes en 2004, a proposé un atelier de collages aux jeunes accueillis dans deux foyers de l’enfance, Les Récollets (10e) et Tandou (19e). Grace Latz, également athlète américaine en aviron, qui a participé aux Jeux de Rio en 2016, a réalisé une fresque avec des chutes de tissu avec les seniors du centre Caulaincourt (18e).
L'athlète argentine de paracanoë Brenda Sardón a animé des ateliers de création artistique avec des adultes en situation de handicap des foyers de vie Kellermann (13e) et Relais (8e). Luc Abalo est intervenu au CHRS Poterne des Peupliers. Une cinquième olympienne, musicienne, la sprinteuse estonienne Egle Uljas, prendra ses quartiers dans un conservatoire de la région parisienne au printemps 2024 et présentera un concert de piano inspiré des valeurs olympiques.
Au printemps 2024, des Olympiens-artistes produiront des œuvres originales inspirées du sport et des valeurs olympiques pour une exposition de groupe qui sera montrée pendant les Jeux olympiques et paralympiques dans un lieu d’exposition au cœur de Paris.
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