Les plus belles sculptures des églises parisiennes

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Mise à jour le 26/07/2023

Le Ravissement de sainte Marie-Madeleine
On poursuit notre quête d'art et de culture pendant la fermeture des musées, avec le deuxième volet de notre série sur les trésors des églises parisiennes. Après les plus beaux tableaux, place aux sculptures !
Nous vous proposons ici un parcours faisant étape dans huit églises parisiennes, débutant dans le 11e pour s'achever dans le 6e. Libre à vous, bien évidemment, de personnaliser votre itinéraire au fil des œuvres décrites plus bas, dont on peut éprouver toute la puissance même en étant athée intégriste. Si l'on ne peut totalement le dissocier du religieux, le vertige sera avant tout artistique…

Prises de vue : © Christophe Fouin, Emmanuel Michot, J.M Moser, Claire Pignol / Ville de Paris - Keith Haring artwork © Keith Haring Foundation

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1 - Tombeau de Catherine Duchemin, François Girardon

Ce monument funéraire a été exécuté entre 1703 et 1707 pour accueillir la dépouille de Catherine Duchemin, peintre de fleurs réputée ainsi que la première femme à avoir été admise à l’Académie de Peinture et de Sculpture. François Girardon, célèbre sculpteur qui fut son mari, assura lui-même le dessin de ce mausolée, dont il confia l’élaboration à deux de ses élèves, Eustache Nourrisson et Robert Le Lorrain. Girardon présida également à la conception du tombeau en marbre vert, au pied duquel son corps fut déposé, après sa mort, le 2 septembre 1715.
Exposée initialement dans l’église Saint-Landry, disparue à la Révolution, ce n’est qu’en 1818 que cette sépulture fut remontée, privée de son sarcophage, dans le chœur de l’église Sainte-Marguerite. Bien que l’architecte Étienne-Hippolyte Godde, en charge du projet, prît quelques libertés avec la composition originale, traditionnellement incluse dans une arcade, son intervention permit néanmoins de sauver les restes de ce tombeau singulier dont la superbe Pièta illustrait la foi des défunts en l’œuvre rédemptrice du Christ.
Tombeau de Catherine Duchemin François Girardon (1628-1715)
Église Sainte-Marguerite
36 rue Saint-Bernard 75011 PARIS

2 - Christ dit aussi Christ expirant, Auguste Préault

Le sculpteur romantique Auguste Préault, longtemps rejeté par les tenants de l’art officiel, eut une carrière émaillée de scandales. L’histoire de ce Christ, une de ses œuvres les plus poignantes, en est un témoignage éloquent. En choisissant d’incarner, non sans une certaine crudité, le paroxysme de la souffrance, l’artiste allait lui-même subir les plus violentes critiques. Loin de livrer une image apaisée de crucifixion, Préault représente ici le cri de douleur d’un homme aux traits tourmentés. La bouche ouverte dans un dernier râle, les muscles noueux tendus à l’extrême, le rendu des plaies aux mains, aux pieds et au côté: chaque détail de ce corps souffrant, qui semble déjà reposer sur un linceul mortuaire, nous raconte le drame de la Passion.
Placé à l’église Saint-Germain-l’Auxerrois, il en fut retiré après quelques semaines, à la demande du clergé, en raison de son réalisme trop choquant. En 1845, le sculpteur obtint la commande de l’œuvre en bois. Probablement sculptée par Louis Buhot, elle fut placée dans l’église Saint-Paul-Saint-Louis d’où elle fut de nouveau exclue. À la suite des supplications du sculpteur, ce fut finalement à l’Église Saint-Gervais-Saint-Protais que ce Christ expirant, admiré par Théophile Gautier et Delacroix, fut accueilli en 1847.
Christ expirant d'Auguste Préault
Église Saint-Gervais-Saint-Protais
Place Saint-Gervais 75004 PARIS

3 - Saint François d'Assise en extase, Germain Pilon

À travers cet austère et émouvant saint François d’Assise en extase, le sculpteur de la Renaissance Germain Pilon sut incarner l’une des figures mystiques les plus vénérées de l’église catholique, celle du religieux italien François d’Assise, fondateur de l’Ordre des Frères mineurs au début du XIIIe siècle. Afin d’évoquer la pauvreté évangélique et la compassion du saint, l’artiste sut allier sobriété et réalisme en jouant de la variété des matériaux.
Ce saint François de Germain Pilon a très probablement été commandé, avec La Vierge de Douleur conservée en l’église Saint-Paul-Saint-Louis et La Résurrection exposée au musée du Louvre, pour orner la rotonde des Valois, qui ne fut jamais aboutie. Le saint François, demeuré inachevé dans l’atelier du sculpteur à sa mort en 1590, rejoignit le Louvre jusqu’à la Révolution avant d’être donné à la Ville de Paris en 1818, et déposé dans l’église des Capucins du Marais,, devenue la cathédrale Sainte-Croix-des-Arméniens.
Saint François d’Assise en extase
Cathédrale Sainte-croix des arméniens
13 Rue du Perche 75003 PARIS

4 - La vie du Christ, Keith Haring

L’artiste américain Keith Haring est l’auteur de ce célèbre triptyque, achevé tout juste deux semaines avant son décès, le 16 février 1990. L’œuvre en bronze, recouverte d’or blanc, fut éditée en neuf exemplaires dont un fut offert à la Ville de Paris par la Spirit Foundation, fondée par John Lennon et Yoko Ono. Il fut installé dans l’église Saint-Eustache, en raison de l’action remarquable de cette paroisse envers les malades du SIDA, maladie qui emporta Keith Haring à l’âge de 31 ans.
La composition s’organise autour du Christ Enfant, rayonnant, sous un cœur surmonté de la croix de la crucifixion, symboles d’amour, de souffrance et de rédemption. Des anges aux ailes déployées survolent et contiennent une foule compacte qui se presse pour recevoir rayons et gouttes qui tombent du ciel. Nourriture céleste, eau de la vie éternelle, sang de la rédemption, flammes de l’Esprit Saint, les interprétations sont libres et multiples. C’est une œuvre lumineuse, rayonnante, énergique et vibrante, qui témoigne de la foi de Keith Haring en un monde meilleur.
La Vie du Christ
Église Saint-Eustache
2 Impasse Saint-Eustache 75001 PARIS

5 - Saint Marie l'Égyptienne, anonyme

Marie l’égyptienne, courtisane d’Alexandrie menant une vie de débauche, fut touchée par la grâce et se repentit, se retirant dans le désert. Souvent confondue avec Marie-Madeleine, la pénitente est ici représentée avec les trois pains grâce auxquels elle vécut soixante ans durant, vêtue de ses longs cheveux dorés, son visage fin aux yeux mi-clos penché mélancoliquement vers le spectateur. La subtilité du travail de la chevelure et du drapé contraste avec la robustesse des jambes et de la partie inférieure du corps.
Pour assurer sa bonne conservation, Marie l’égyptienne a été déplacée dans la chapelle de la Vierge à l’intérieur de l’église, et remplacée par une copie qui accueille désormais les fidèles et les visiteurs à sa place, dans sa niche, sur son pilier. Cette mesure permet en particulier de conserver sa polychromie (visiblement remaniée), qui vient rappeler que le porche de Saint-Germain-l’Auxerrois était autrefois peint. Le visiteur attentif peut toujours en déceler les traces à l’intérieur du porche.

Sainte Marie l’Egyptienne
Eglise Saint-Germain-l'Auxerrois
2 place du Louvre 75001 Paris

6 - Le baptême du Christ, Jean-Baptiste II Lemoyne

Réalisé en 1731 par Jean-Baptiste II Lemoyne (1704-1778), Grand Prix de sculpture en 1725, Le Baptême du Christ est un des premiers groupes sculptés qui ait été accordé à l’église Saint-Roch, lors de son remeublement après la Révolution française. Lemoyne signe ici une œuvre pleine de grâce et de mélancolie, où le Christ, les mains jointes et le genou posé sur le rocher, apparaît comme un humble fidèle, soumis au sacrement du baptême. A sa gauche, Jean-Baptiste s’impose par sa stature et l’élégance de son attitude. Derrière les deux protagonistes se déploie un paysage bucolique, où l’artiste s’est complu à décrire l’aspérité de la roche, la souplesse du feuillage et la fluidité des eaux du Jourdain.
Chef-d’œuvre de la sculpture rocaille, comme en témoigne le goût de l’artiste pour le rendu du mouvement et les effets d’illusion, Le Baptême du Christ est une des œuvres majeures de l’église Saint-Roch, paroisse où se côtoient depuis le XVIIIe siècle les plus grands noms de la statuaire classique tels Michel Anguier, Antoine Coysevox ou encore Etienne-Maurice Falconet.
Le Baptême du Christ
Eglise Saint-Roch
296 rue Saint Honoré 75001 PARIS

7 - Le ravissement de Saint Marie-Madeleine, Charles Marochetti

Cette œuvre monumentale est composée de deux parties: l’autel, décoré de motifs ornementaux et encadré par deux figures d’anges, et le groupe sculpté qui le surmonte représentant le Ravissement de sainte Marie-Madeleine. À la fin de sa vie, retirée dans la grotte de la Sainte-Baume en Provence, Marie-Madeleine est ravie en extase. Lors de ses épisodes mystiques, elle est enlevée au Ciel par des anges.
Vêtue de sa robe de bure, elle est ici emportée sur sa paillasse de pénitente par trois d’entre eux. La sculpture se développe dans l’espace d’une manière très complexe avec plusieurs plans et des jeux d’entrecroisements des figures, de creux et de vides exceptionnels. Le rythme tournoyant des anges et le mouvement ascensionnel de la sainte s’entremêlent avec grâce dans une composition d’une rare virtuosité. Ce morceau de bravoure et d’élégance ne sera achevé qu’en 1843, un an après la consécration de l’église : cette œuvre hisse Marochetti au rang des sculpteurs les plus en vue de Paris.
Le Ravissement de sainte Marie-Madeleine
Église de La Madeleine
place de la Madeleine 75008 PARIS

8 - Tombeau du curé Jean-Baptiste Languet de Gergy, Michel-Ange Slodtz

Jean-Baptiste Languet de Gergy fut le curé (émérite) de l’église Saint-Sulpice de 1714 à 1748. À sa mort en 1750, la paroisse souhaita lui ériger un somptueux mausolée, agrémenté d’une épitaphe élogieuse rendant compte de son action et de sa bienveillance. La commande fut passée en 1750 au sculpteur René-Michel Slodtz, appelé Michel-Ange Slodtz en raison de son talent.
Selon le devis conservé, Slodtz sculpta "l’empressement de l’immortalité à lever un tapis funéraire qui couvrait la figure de l’ancien abbé" alors que la Mort, frappée de stupeur est terrassée. Le curé, tourné vers le maître-autel, s’offre à Dieu. Le tombeau, situé dans la chapelle Saint-Jean-Baptiste, saint patron du curé, a été restauré en 2019. Par son ampleur, il demeure l’unique témoignage parisien de l’art funéraire du XVIIIe siècle alliant polychromie des matériaux, narrativité et théâtralité.
Tombeau du curé Jean-Baptiste Languet de Gergy
Eglise Saint-Sulpice
Place Saint-Sulpice 75006 PARIS

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