L'architecte Hector Guimard, célébré en 2024, a lancé la mode de l'Art nouveau à Paris
Le saviez-vous ?
Mise à jour le 17/01/2024
Sommaire
Si les entrées Art nouveau du métro parisien sont emblématiques, très peu connaissent l'architecte touche-à-tout qui se cache derrière. Ça tombe bien : la capitale le met à l'honneur cette année.
Architecte sans diplôme, Hector Guimard lance sa carrière lors de l'Expo universelle de 1889
On l'appelle le maître des arts décoratifs, celui qui a osé les courbes, les arabesques et des matériaux nouveaux dans l’architecture. Mais qui était Hector Guimard (1867-1942) ? Né à Lyon, ce fils de professeur de gymnastique déménage en région parisienne à l'adolescence. En froid avec ses parents, il se réfugie chez sa marraine, Apollonie Grivellé, au 147 avenue de Versailles (16e).
Il découvre alors le quartier d'Auteuil et fait la connaissance des relations de son hôte, membres de la bourgeoisie catholique de l'Ouest parisien, qui feront plus tard appel à lui pour concevoir des résidences privées et immeubles de rapport du quartier.
En 1882, Hector a 15 ans quand il entre à l’École nationale des arts décoratifs – où il occupera par la suite un poste de professeur de géométrie. Trois ans plus tard, il est reçu à l'École nationale des beaux-arts. Il y reste jusqu’à l’âge limite de 30 ans, sans avoir le temps de présenter le diplôme final d'architecte. Ce qui ne l'empêche pas d'ériger sa première réalisation : un petit pavillon présentant l'électrothérapie à l’Exposition universelle de 1889. Ce chalet de
style néogothique ne passe pas inaperçu… Sa carrière est lancée !
Une façade d'immeuble Art nouveau marque les prémices du « style Guimard »
Avec ses premières commandes de villas dans le quartier d’Auteuil – l'hôtel Roszé (1891) et l'hôtel Jassedé (1893) –, Guimard commence à se faire connaître. Mais ces réalisations, bien que rejetant déjà toute symétrie, ne sont pas encore de l'Art nouveau. C'est un voyage d’études à Bruxelles, en 1895, au cours duquel il rencontre Victor Horta et Paul Hankar– et leurs créations Art nouveau qui fusionnent la structure et le décor –, qui sera déterminant dans son écriture architecturale et artistique.
À son retour, il reçoit une commande importante pour un immeuble de rapport au 14 rue La Fontaine (16e). Pendant trois ans, il se consacre à ce chantier dans les moindres détails, des parties communes aux appartements, des ornements aux vitraux.
La fantaisie créatrice de l'architecte éclate au grand jour avec ce Castel Béranger qui déroute d'abord le public, avant de remporter le premier concours de façades de Paris. Surtout, en plus d'assurer sa renommée, il lance dans la capitale l'architecture Art nouveau, et même le style Guimard.
Qu'est-ce que l'Art nouveau ?
À la fin du XIXe siècle, l’Art nouveau va toucher la totalité des arts plastiques : peinture, sculpture, arts graphiques, architecture et arts décoratifs. En 1900, il a gagné toute l’Europe, créant une grande diversité de styles par hybridation avec les traditions populaires de chaque pays. Cependant, il donne quand même naissance à un ensemble de caractéristiques communes : des lignes aux courbures élégantes, des fleurs, des végétaux et autres motifs naturels, des figures élancées de femmes idéalisées aux longues chevelures flottantes. Il marque également le retour de la couleur, tant en architecture qu'en peinture.
Le « Bel Hector » a construit sa renommée dans le 16e
Nombre d'architectes rêvent de concevoir une cathédrale ou ne serait-ce qu'un palais des beaux-arts. Pas Guimard, qui n'est pas orienté vers le
monumental et dont les constructions restent « de quartier », avec une activité longtemps restreinte aux commandes relationnelles ou familiales. En outre, l'absence de diplôme d'architecte ne lui donne pas accès aux constructions ouvertes aux concours publics d'architecture et d'urbanisme.
Reste que les villas et hôtels particuliers du 16e arrondissement de cet « architecte d'art », celui que l'on surnommait Le Bel Hector, toujours très chic et chapeauté, vont être connus bien au-delà de nos frontières.
Ses entrées de métro, aujourd'hui admirées, ont été décriées à l'époque
Alors que 167 ouvrages Guimard répartis sur 107 stations ont été construits, il n'en reste aujourd'hui que 88, dont seulement deux édicules. Pourquoi ?
Lors de la création du
métropolitain en 1900, la Ville veut des accès de métro esthétiques, sous forme d'édicules, qui mettent les usagers et les marches des escaliers à l'abri de la pluie. Guimard a des défenseurs bien placés au sein de la Préfecture de la Seine et au conseil
municipal. Il présente ses plans à la Compagnie du chemin de fer métropolitain de Paris (CMP), qui penche pour la création de treize édicules, auxquels s'ajoutent deux pavillons (gares) aux stations Bastille et Étoile. Partout ailleurs, pour ne pas gâcher la régularité des avenues, des entrées découvertes, appelées « entourages », seront privilégiées.
En 1900, le style Guimard est à la mode. Ses entrées Art nouveau mêlant fer, fonte, verre et lave émaillée, les hauts candélabres, l'enseigne et son lettrage si typique séduisent… Mais quelques années plus tard, elles sont considérées comme démodées et l'Art nouveau « trop agressif, trop sauvage ».
Guimard subit une campagne haineuse : la couleur verte de ses entrées de métro est assimilée à celle des uniformes allemands, ses édicules tortueux semblent issus « des profondeurs de l'Apocalypse », ses candélabres sont « des lampadaires étranges, sortes de bras dressés sur des queues de fonte tenant entre leurs crochets des fruits de verre en forme de berlingots à demi-sucés », peut-on lire dans l'ouvrage Guimard, l'Art nouveau du métro.
Au gré des changements sur la voirie, la CMP décide de les démonter progressivement dès 1904 (et jusqu'en 1969) et les remplace par des entourages en pierre ou en fer forgé, plus économiques à entretenir ! Ce n'est que dans les années 1980 que l'Art nouveau revient en grâce… Trop tard pour Guimard !
Aujourd'hui, il ne reste plus qu'un édicule avec sa marquise d'origine à la station Porte Dauphine, un autre à la station Abbesses – déplacé de la station Hôtel de Ville en 1974 –, ainsi qu'une copie à claire-voie à la sortie Sainte-Opportune de la station Châtelet. Pourtant, les stations de métro Guimard constituent encore indéniablement une image emblématique de la Ville de Paris.
Polyvalent, Guimard projetait l'édition d'un catalogue… de pierres tombales
Tout au long de sa carrière, Guimard, hyperactif, ne se contente pas de dessiner les plans des édifices qu'il construit : il en conçoit également la décoration et l'ameublement, comme des prolongements naturels lui permettant d’appliquer aux espaces intérieurs ses théories architecturales. Pour son mobilier comme pour ses maisons, il garde son cap : déstructurer les volumes, privilégier l’asymétrie et faire la part belle aux courbes, contre-courbes et autres excroissances, puisant son inspiration, en le stylisant, dans le répertoire esthétique végétal.
Comme il souhaite « offrir de la beauté à tout le monde » – ses façades sont visibles par tous, gratuitement –, il va composer un grand catalogue de fontes ornementales pour les balcons, des bancs de jardin, des panneaux de portes… Puis vendre des revêtements muraux, des papiers peints. Il aborde tous les matériaux : le fer, la fonte, le plâtre, le staff, le marbre, le bronze, le bois, la céramique, le verre…
Il a aussi fourni trois modèles de vases à la Manufacture de Sèvres : le vase de Cerny, le cache-pot de Chalmont et la jardinière des Binelles, dont les poignées curvilignes évoquent des tiges végétales.
Il se murmure qu'il aspirait à appliquer l'Art nouveau de la naissance à la mort : on connaît de lui un beau modèle de berceau et il
projetait l’édition d’un catalogue de pierres tombales.
Le Cercle Guimard veut lui consacrer un musée à Paris
Le Cercle Guimard est mobilisé depuis plusieurs années pour la création d'un centre culturel et touristique à l’hôtel Mezzara (16e), un hôtel particulier construit par Guimard en 1910. Un projet soutenu de longue date par la Ville de Paris.
Guimard est l'un des architectes dont on a démoli le plus de bâtiments dans l'histoire de l'architecture française (avec Claude-Nicolas Ledoux). De surcroît, la concierge de l'hôtel Guimard (16e), suivant une consigne de ne pas stocker de papier, a brûlé toutes ses archives durant la Seconde Guerre mondiale.
Il reste néanmoins beaucoup de mobilier, d'objets de décoration, de bijoux, de mosaïques, de modèles de fonte et de dessins, esquisses et images d'archives qui pourraient être présentés au public.
Ce futur musée parisien serait plus globalement dédié à l'Art nouveau, rejoignant ainsi d’autres villes européennes comme Bruxelles avec le musée Horta ou Barcelone avec la Casa Museu Gaudí, et même Nancy, avec le musée de l’École de Nancy.
Les temps forts des célébrations de l'année Guimard
L'année Guimard rimera avec la thématique des « mardis de l’histoire » choisie par les sociétés d’histoire des arrondissements : « Art déco - Art nouveau à Paris ».
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